– Comment en êtes-vous arrivée au graphisme ?
Ado, j’aimais créer des cartes de menu quand ma famille venait dîner. Je me suis donc assez tôt retrouvée sur l’ordinateur à fabriquer toutes sortes de choses sur les logiciels de l’époque, Publisher et Paint !
Après le lycée, j’ai suivi un cursus informatique où j’ai appris la programmation et la réalisation de produits multimédias. Puis je suis partie étudier à l’étranger et me suis progressivement orientée vers le design graphique. Aujourd’hui, je me consacre à la création d’identités et de chartes graphiques.
– Vous avez étudié à l’étranger. Où était-ce ?
Dans le nord-est de l’Angleterre, à Sunderland, plus précisément. J’y suis restée deux ans. La formation que j’y ai reçue était très complète et intéressante. Heureusement, car la ville, elle, n’était pas très stimulante !
– Puis retour en Alsace ?
Non, j’ai d’abord suivi pendant trois ans les cours de l’école régionale des Beaux-Arts à Besançon. Ce n’est qu’après que je suis rentrée en Alsace, pour y faire un stage dans une maison d’édition et agence de photographes. Et, aujourd’hui, je vis à Strasbourg.
– Vous avez monté votre entreprise très jeune !
Oui, immédiatement après mes études. J’avais 24 ans. On m’a souvent déconseillé de me lancer sans expérience en agence. Mais je n’ai jamais senti le besoin ni l’envie d’approcher des agences de com. Il y a à Strasbourg plusieurs studios de création qui font du super boulot, mais ce sont des milieux relativement fermés. Quant aux agences de pub, c’était hors de question, cela ne me ressemblait pas du tout. En fait, soit je me lançais seule, soit je changeais de métier !
C’est vrai que ce n’est pas facile tous les jours d’être indépendante, je tâtonne, je tire mes propres conclusions de chaque expérience. Mais c’est aussi une grande richesse que d’apprendre seule son métier.
– L’aspect de votre travail qui vous plaît le plus ?
Ce qui me plaît, c’est la mise en place de règles qui vont définir une identité graphique : le choix des caractères typographiques, la taille des corps, l’interlignage, les marges, les couleurs, etc. Tout ce qui va mener au document parfait. C’est ça qui me passionne. Mais n’allez pas croire que je sois psychorigide, hein ! Créer des règles, c’est avant tout accepter une souplesse dans la rigidité.
– Un modèle, une influence, un mentor ?
Des sources d’inspiration et d’émerveillement, j’en ai énormément ! Je puise essentiellement dans les travaux de graphistes, typographes affichistes et peintres en lettres des années 1950. Le graphisme suisse me parle également beaucoup. Je citerais, entre autres, Josef Müller-Brockmann ou Adrian Frutiger.
– La rencontre qui vous a marquée ?
J’ai eu l’opportunité de rencontrer Peter Knapp et de collaborer avec lui sur la création du livre Vincent Van gogh à Auvers. Cette collaboration a été décisive. Elle m’a confortée dans l’idée de me lancer dans l’édition.
– Racontez-nous le travail/projet/mission dont vous êtes la plus fière.
Je ne parlerais pas de fierté. Plutôt de satisfaction. Ma plus grande satisfaction, ce sont les affiches des concerts d’un orchestre philharmonique local, la Philharmonie de Poche. J’en suis très satisfaite car j’ai eu une totale liberté sur les choix graphiques. Et les conditions dans lesquelles on a travaillé étaient très agréables. Je dis « on » car mon ami photographe Stéphane Louis et le rédacteur Hervé Lévy ont travaillé à mes côtés sur cette campagne. C’était un travail peu rémunéré, un coup de main ; dans des cas comme celui-là, on se prend moins au sérieux. On travaille entre 23 heures et 3 heures du mat’, avec une bouteille de vin. C’était vraiment sympa !
– Définissez-vous en trois mots :
Exigeante, curieuse, indépendante.
– Vous prenez une pause : vous faites quoi pour évacuer la pression ?
La notion de temps est compliquée dans mon métier, j’ai tendance à ne pas prendre de pause. Mais je m’efforce de trouver le temps d’aller à la piscine, de prendre une bière ou un café avec un ami… Voilà, disons qu’après le travail je laisse place au trio sport, gastronomie, détente. Un beau programme !
– Votre rapport à la gastronomie, justement ?
J’ai la chance d’avoir un compagnon qui cuisine à la maison. Et qui cuisine très bien. Je ne m’occupe de rien. J’en ai un peu honte, mais qu’est-ce que c’est agréable !
– L’objet que vous emportez partout, tout le temps, par tous les temps ?
Je ne suis pas matérialiste pour un sou ! Cela dit, j’ai tendance à toujours trimballer un bloc-notes et un stylo au cas où une idée me passerait par la tête. J’ai aussi un bloc-notes sur ma table de chevet, pour consigner les idées qui me viendraient dans la nuit !
– Votre moyen de transport privilégié ?
Mes pieds ! Et également le vélo, mais ça, c’est quand je ne me le fais pas voler. Vous savez, il y a un grand banditisme de vélo à Strasbourg ! En ce moment, d’ailleurs, je suis définitivement à pied le temps de m’en racheter un.
– Vous êtes une grande marcheuse, alors ?
Oui, j’adore randonner. L’an dernier, avec mon ami, nous avons passé six jours dans le parc de la Vanoise, dans les Alpes. Nous avons fait le tour de la Grande Casse, de refuge en refuge. Un super souvenir ! Entre autres virées, la Norvège et la Slovénie en camping-car m’ont également laissé en mémoire de superbes images d’immersion en pleine nature. Bref, vous l’aurez compris, nous fuyons la ville dès que possible ! Prochaine rando au programme : traverser les Vosges à pied, du nord au sud !
– Votre geste éco responsable préféré ?
Le tri sélectif. Contrairement à une époque où on réfléchissait – carton, verre, là ou là ? –, c’est aujourd’hui un réflexe très naturel. Je veille aussi de très près au recyclage de papier, en utilisant les deux faces d’une feuille. J’ai donc un stock de feuilles déjà imprimées qui serviront soit de papier brouillon, soit pour l’impression de maquettes. Et, enfin, j’utilise du savon artisanal, fabriqué localement (https://www.maudsiegel.com/).
Propos scrupuleusement recueillis par Aurélie Godin.
Voir la page de Fanny Walz sur Baobab.
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